Dans l’image de marque, la photographie est souvent associée au shooting branding. Mais qu’en est-il de la photographie de produits ? Quel est son rôle dans l’identité d’une marque et comment retranscrire cette identité ? Nous rencontrons Dométhilde Caillet, photographe des marques artisanales, qui nous parle de son métier passion. Dométhilde nous partage son point de vue et son expérience de la photographie de marque.

Est-ce que tu peux te présenter ? Qui es-tu ? Que fais-tu au quotidien ?
Je m’appelle Dométhilde et je suis photographe pour les marques artisanales depuis 2020. Avant, j’étais chocolatière ! Voilà pourquoi l’artisanat m’intéresse : j’aime accompagner les artisans parce que c’est beau et parce que j’étais moi-même artisan avant. Je les accompagne à travers deux prestations : le shooting produit et le reportage.
À côté, j’accompagne aussi les amoureux dans le mariage. J’aime diversifier mon activité et je trouve que le mariage et les artisans fonctionnent bien ensemble car les mariés ont besoin d’artisans pour leur mariage.
Qu’est-ce que la photographie de produits ? Pour quoi faire, à quoi ça sert ?
Tout simplement : je prends votre produit et je le photographie ! Mais on peut aller plus loin. Il y a différents types de prestations dans le shooting produit :
- Le pack shot. Généralement pour votre site e-commerce, pour vos documents, ou pour faire de la description de produits.
- Le décor minimaliste. J’aime bien qu’on se focalise sur l’expertise du produit, sur son actif et même sur sa texture !
- Le décor très lifestyle. Ici, on peut aller encore plus loin en se concentrant sur l’utilisation du produit et sur la cible de la marque. On va plus en profondeur avec ce type de shooting : on loue un lieu, on travaille avec des modèles, on ajoute une scénographie plus conséquente.
On utilise la photographie de produits pour les montrer, les communiquer à ses clients et futurs clients. Et pour les vendre ! Pour donner envie ! Le but du shooting produit, c’est ça : vendre.
Quel est l’intérêt de faire des photos de produits pour sa marque ? Quel rôle ça joue dans l’image de marque ?
Pour un shooting produit, je crée toute une direction artistique de la marque. J’interviens après la graphiste. Donc je demande le document stratégique et le moodboard pour avoir une vision de la marque.
Après ça, je construis un shooting produit qui correspond à la marque tout en gardant mon propre ADN de marque. Par exemple, je fais des photos très lumineuses. Si ça ne correspond pas à la marque de mon client, je redirige vers d’autres photographes.
Je m’inspire de l’univers de l’artisan pour créer des photos de produits personnalisées, qui lui ressemblent : c’est sur mesure. Le but est de se démarquer ! Le shooting produit valorise l’artisan et le distingue de ses concurrents. Toute son image de marque doit le définir. Comme ça, d’un seul coup d’œil quand on regarde ses photos, on se dit : “Ah oui, je sais quel artisan fait ça !”.
C’est là où nos deux métiers [graphiste et photographe, ndlr] se rejoignent énormément. Le support est différent, mais on a un même but : celui de créer une image de marque cohérente.
Est-ce qu’il suffit simplement de prendre des photos de ses produits ou est-ce qu’il y a des règles à respecter pour un shooting produit ? Quelles sont-elles selon toi ?
Il y a quand même des règles à respecter. Disons, des bonnes pratiques !
Déjà, il faut savoir que je peux directement aller photographier les produits chez l’artisan ou il peut me les envoyer.
Si je photographie les produits à mon domicile, je demande deux produits ainsi que l’envoi du packaging, s’il y en a un, en double et non monté. Ça évite les déconvenues avec La Poste, il faut tout prévoir “dans le pire des cas”.
Lorsque je me déplace, je demande plusieurs choses :
- Que tous les produits soient prêts à mon arrivée.
- De prévoir un espace proche de la fenêtre car j’aime la lumière naturelle pour travailler !
- Que les finitions soient ajoutées au dernier moment, et aussi d’en avoir plusieurs en réserve.
- Pareil, d’avoir deux produits pour éviter les soucis.
- Enfin, l’artisan doit être disponible. Je veux l’inclure intégralement dans le shooting. C’est son produit, sa marque ! Même si j’ai créé l’univers, en étant présent, il peut me dire ce qu’il en pense car ça doit avant tout lui ressembler.
À part être présents, mes clients n’ont rien à faire pendant le shooting produits. Je m’occupe de tout en amont ! J’ai mon matériel, la lumière, les fonds photos. Je cherche le lieu, le stylisme, les modèles. Ils doivent juste se focaliser sur le produit avant mon arrivée car il doit être parfait ! Je ne le retouche pas après.
Comment on fait ressortir l’essence de la marque dans des photos de produits ? Comment fais-tu pour retranscrire la personnalité d’une marque et pour que l’on perçoive la qualité de son savoir-faire et ses valeurs ?
Rencontrer l’artisan dans son lieu de production m’apprend beaucoup de choses sur lui. Les échanges sont essentiels pour que je m’imprègne de son univers. Après avoir discuté, j’ai une direction. Je me dis “OK, je sais où on va !”.
Je m’intéresse aussi à ses clients : qui sont-ils ? Chaque marque à une clientèle différente. On ne vise pas la même si on est un petit artisan ou dans le haut de gamme. Les documents stratégiques me permettent de confirmer son positionnement.
De là, je crée un moodboard à la suite duquel j’organise un appel ou procède à un échange de mails pour valider la direction photographique. Ensuite, on va plus loin en créant une feuille de route. Elle me guide le jour du shooting pour ne rien oublier : j’y détaille les photos, la lumière, les angles, le stylisme, etc.
À quel moment conseilles-tu à une marque d’investir dans la photographie de produits ?
On peut investir dans la photographie de produits à différents moments :
- Au lancement. C’est intéressant pour avoir une banque d’images et communiquer dès le départ. L’identité de la marque n’est peut-être pas encore là, alors je conseille du reportage et, dans le cas de la photo de produits, des packshots. Vous avez juste besoin des photos de vos produits ! Il n’y a pas encore cet aspect sur mesure, sinon vous risquez d’être déçu et de vous dire “Ce n’est pas moi” face à vos photos, car vous ne savez pas encore où aller avec votre marque.
- Pour le développement. Cette fois, vous savez où vous en êtes, vous avez votre propre univers. Généralement, vous faites aussi appel à une graphiste pour travailler votre identité visuelle. Quand vous décidez de travailler avec moi pour vos photos de produits, on peut aller plus loin dans la direction artistique. On valorise votre savoir-faire et votre marque pour vous démarquer de la concurrence. Vous repartez avec une photothèque pour mettre en avant tous vos produits existants.
- Une fois bien établi, on peut continuer à travailler ensemble pour rafraîchir votre identité ou l’étoffer. Admettons que vous mettiez en place des ateliers : on peut se focus sur cette nouveauté. Ou bien faire un shooting uniquement centré sur un produit comme pour un produit phare ou le lancement d’un tout nouveau produit. À ce moment-là, c’est à la carte et on se concentre plus sur un axe de développement en particulier.

Est-ce qu’on doit renouveler des photos de produits ? Y a-t-il des moments clés ou pas forcément ? Et comment on intègre les shootings produits dans sa stratégie marketing ?
Oui, il faut les renouveler ! Déjà, en tant qu’artisan, vous travaillez avec la saisonnalité. Et peut-être aussi que vous allez renouveler vos produits.
Les photos évoluent en même temps que vous évoluez. Vous risquez de ne plus être aligné à vos photos et de ne plus les partager. Et c’est hyper dommage de ne plus communiquer alors qu’un nouveau shooting peut vous aider.
En plus, vous pouvez utiliser vos photos pour plein de choses !
- Pour agrémenter votre site web, votre boutique en ligne. Vos photos de produits sont bien-sûr présentes sur vos fiches produits. Mais en réalité, on peut les utiliser plus ou moins partout à condition que ce soit bien fait et que cela coïncide avec vos textes. Je pense à la page d’accueil ou à la page à propos, mais ce doit être en lien avec l’histoire de votre entreprise. Par exemple, si vous racontez la création de votre produit phare, vous pouvez illustrer avec une photo de ce produit.
- Pour communiquer sur vos réseaux sociaux. Elles sont utiles pour présenter vos produits, montrer leur utilisation, leur actif, leur texture ou encore votre expertise ! Vous pouvez aussi partager vos packagings si c’est un point essentiel pour votre marque. Ou encore représenter votre cible pour qu’elle se reconnaisse à travers vos photos de produits. Le but est de la rassurer et de lui donner envie.
- Pour vos supports imprimés. Je conseille toujours de faire imprimer vos photographies pour les mettre dans votre boutique par exemple, et ainsi de montrer votre savoir-faire. Si vous avez un site e-commerce, vous pouvez aussi créer une petite carte de remerciements avec vos photos de produits.
Quelle est la plus grosse erreur que tu vois dans la photographie de produits ? Comment y remédier ?
Je vois beaucoup de photos mal utilisées ! Je ne sais pas si cela vient de la marque qui ne sait pas comment garder une bonne qualité de photos, ou si elle manque d’informations de la part de son photographe. Mais c’est hyper frustrant pour un photographe de voir que les photos sont floues, par exemple.
N’ayez pas peur de déranger ! (Re)demandez à votre photographe comment bien utiliser vos photographies de produits. C’est trop dommage d’avoir des photos de qualité et de ne pas bien les exploiter. Ça nuit à l’image de votre marque !
Ne restez pas sans valoriser le plein potentiel de votre image alors que vous avez fait appel à un professionnel. C’est un investissement mal utilisé !
Pour les marques qui font elles-mêmes leurs photos : n’en faites pas trop ! Vous avez tendance à vouloir trop en mettre alors que le minimalisme, c’est la clé ! Focalisez l’attention sur votre produit.
Qu’est-ce que tu apprécies le plus dans le shooting produit ?
J’adore créer tout un univers, monter la direction artistique vers laquelle j’emmène la marque et derrière laquelle il y a un vrai impact en termes de ventes !
C’est le point de départ. Je réalise un moodboard, une feuille de route. Je vais chercher un lieu qui sera intéressant pour la marque, je conçois le décor et la scénographie. C’est toute cette préparation que j’aime faire car ça impact directement le shooting produit. Sans ça, c’est bancal.

Est-ce qu’il y a un projet qui t’a particulièrement plu et / ou challengé ?
C’est un projet qui m’a à la fois plu et challengé : un shooting produit pour le Laboratoire Hollis, une marque de compléments alimentaires. Le but était de redonner un coup de fraîcheur à la marque, essentiellement dans les photos.
J’ai dû créer tout un shooting sur mesure pour qu’il ressemble à la marque : centré autour de la femme, du bien-être, de la peau. Il fallait trouver un lieu, des modèles. Le shooting produit a duré toute une journée. C’était long, mais tellement enrichissant ! Pour tout dire, la feuille de route faisait 30 pages. Je pense que je n’ai jamais fait ça !
Avant, les photos de la marque comprenaient tétine et doudou pour représenter la maternité. Mais on peut montrer la maternité sans ça et avoir des photos plus modernes, actuelles, haut de gamme, tout en restant fidèle à la marque. On a donc travaillé de manière épurée, avec de belles matières au niveau du stylisme. C’est pas juste le produit, on est allé plus en profondeur pour que tout corresponde à la marque.
Le challenge est qu’il y avait énormément de produits à mettre en avant avec des modèles alors que je n’en avais jamais eu. C’était puissant !
Un message que tu voudrais transmettre ? En lien avec la photographie de produits ou non.
Soyez vous-mêmes ! Ça se ressentira dans votre marque, dans votre business, dans tout. On a tous quelque chose d’unique alors il faut qu’on le laisse fleurir en nous.
Retrouvez Dométhilde sur Instagram @dométhildephotographie et @tomberenamour.photographie, ainsi que sur son site web.

Je suis Mathilde
J’imagine des identités visuelles inspirantes et uniques pour aider les marques intègres et passionnées à s’imposer dans nos modes de consommation.